Le Re-commerce et la consommation éco-responsable

Selon le Professeur Julien Schmitt, le re-commerce signifie « l’acte de remettre dans le commerce un produit déjà utilisé par le consommateur, qu’il soit vendu dans son état d’occasion, ou reconditionné. La transaction se réalise soit de gré à gré entre deux consommateurs (C to C), directement (vide-greniers), ou sur une plateforme comme Le Bon Coin, soit via un distributeur physique ou digital (C to B to C) tel qu’Emmaüs, Back Market ou Vinted. »

Prendre part au re-commerce et à une vente en ligne éco-responsable est indispensable, d'une part pour des raisons écologiques évidentes, et d'autre part pour des raisons économiques : la consommation éco-resposable est une des grandes tendances e-commerce de l'année 2023.

La croissance du e-commerce depuis 2021

L’année 2021 a été une nouvelle année de croissance pour l’e-commerce : le secteur atteint 129 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France, en progression de 15,1 % sur un an contre 8,5 % en 2020.

Le E-commerce prend de l’ampleur dans tous les secteurs notamment depuis l'année 2021, qui a été sans conteste une année record pour l'e-commerce, avec les effets de la pandémie de Covid-19. De nouvelles habitudes d’achat ont vu le jour et ont émergé comme la proportion d’achat sur mobile. En effet, 22,3 M de Français effectuent des achats à partir de leur portable (soit 53,3% des acheteurs). 

On a vu dans notre analyse du bilan du marché e-commerce 2022 qu'elle est une nouvelle année record pour l'e-commerce qui devrait dépasser le chiffre d'affaires généré l'année précédente. 

Comprendre la consommation du re-commerce 

De plus en plus sensibles à l’impact de leur consommation sur l’environnement et, en même temps, soucieux de la préservation de leur pouvoir d’achat, les Français adoptent de nouveaux comportements, notamment une adhésion massive à la seconde main : plus de 80 % des cyber-acheteurs ont déjà acheté des produits reconditionnés ou de seconde main ou bien ont revendu eux-mêmes des articles en ligne selon la FEVAD.

Les motivations du re-commerce sont, dans un premier temps économiques, avec des prix nettement inférieurs comparé à du neufs avec un risque financier moindre si le produit ne plaît pas. Par ailleurs, selon une étude de l’ESCP : “Le recommerce participe à la construction de l’image de soi. Il donne accès à des produits que le consommateur n’aurait pas pu acquérir à l’état neuf, encourage la satisfaction personnelle de la « bonne affaire » et apporte une connexion symbolique avec les consommateurs précédents. Enfin, une dimension idéologique se dessine autour d’un acte militant de « sortie du système »".

Par conséquent, le marché de la seconde main, qui représente un volume de transactions de près de 7 milliards d’euros en France, est en plein essor. En effet, 1 cyberacheteur sur 2 affirme avoir déjà acheté au moins un produit de seconde main en 2021 et 74 % des cyberacheteurs – majoritairement des femmes – déclarent avoir le réflexe d’aller vérifier si le produit n’existe pas en seconde main avant de l’acheter neuf toujours selon la FEVAD.

Aussi, deux spécialistes du re-commerce, Leboncoin (6,6 millions de visiteurs quotidiens) et Vinted (4,9 millions de visiteurs quotidiens) figurent désormais dans le Top 5 du e-commerce français. C’est ainsi que la quasi-totalité des acteurs du top 20 du e-commerce déploie une offre de seconde main selon KPMG.

Quelles solutions pour mon e-commerce ?

Les E-commerçants sont de plus en plus nombreux à instaurer une démarche éco-responsable dans leur parcours d’achat. L’enjeu des sites e-commerce est désormais d’adopter des politiques éthiques et responsables correspondants aux attentes des consommateurs. Voici quelques actions à mettre en place pour répondre à cela: 

Réduire l’impact écologique de votre activité numérique. 

Quelques gestes simples suffisent à diminuer drastiquement l’emprunte carbone des e-commerçants. Pensez à :

• Privilégier le matériel reconditionné ou d’occasion,

• Supprimer les dossiers stockés inutilisés.

• Privilégier le stockage de ses données en local est plus éco-responsable. 

• Vider la corbeille de vos boîtes mails et trier, classer et supprimer vos données régulièrement.

• Maîtriser ses usages

  💡Visionner en haute définition une vidéo de 10 minutes sur un smartphone équivaut à utiliser à pleine puissance un four électrique de 2 000W pendant 5 minutes !

Après chaque journée de travail, éteignez les appareils électroniques (même ceux en veille !).

Consommation moyenne des objets courants au bureau, en watt (W).

Source : Carbo Academy

Diminuer les retours de colis

Des allers-retours qui constituent une véritable angoisse logistique, multiplient les petits trajets et donc les émissions de CO2. Sans compter qu’une grande partie des produits retournés sont tout simplement oubliés ou jetés à la poubelle. Selon la startup Optoro, leader de la logistique inversée, à peine 10% de la marchandise retournée via son programme est effectivement remise en vente, le reste étant bradé à des déstockeurs, donné à des associations de charité voire tout simplement jeté à la poubelle comme le décrit l’article Madyness.

Par ailleurs, dans le secteur de l’habillement principalement, il n’est pas rare que les personnes achetant en ligne passent commande d’un même produit en plusieurs tailles pour faire des essayages. Ou bien achètent un produit pour l'utiliser avant de le renvoyer, ce phénomène à même un nom : le Wardrobing.

Spécialisée dans les retours, la société Narvar estime que 40 % des acheteurs de vêtements ou de chaussures en ligne utilisent cette méthode. L'entreprise Zalando est réputée ne pas avoir été rentable à cause de son taux de retours trop élevé selon Coursierexpress.

Plusieurs solutions à ces problèmes existent :

• Faire des fiches produits détaillées. Cela permettra à vos clients de se faire une idée précise des caractéristiques exactes du produit qu'ils souhaitent acheter. Cela limite aussi la déception lors de la réception du produit.

• Inciter vos clients à laisser des avis. Les avis jouent un rôle clé dans l’évaluation d’un produit par un client. Surtout, ils permettent d'éviter un certain nombre de déceptions, ce qui contribue d’autant à réduire les retours de colis. D'après une étude réalisée par Bazaarvoice, les produits qui ont reçu plus de 50 avis affichent des taux de retour inférieur de 135 %.

• Allonger le délai de retour. Cela peut sembler contradictoire mais allonger ce délai réduit le nombre de retour de colis. En effet, un effet d'attachement se créé autour du produit. Le client sera alors moins tenté de le retourner.

• Proposer des tutos et des présentations virtuelles. Dans le secteur de l'électronique, 65 % des renvois de produits sont dû au fait que les clients ont du mal à s'en servir ou à les installer. Si ces derniers avaient à disposition des tutos en cas de difficulté, il est fort probable qu'un nombre important de ces retours pourraient être évités.

Choisir des modes de livraison plus verts

Par définition, une livraison rapide est une livraison qui pollue beaucoup plus. En express ou livraison 24h, les colis sont envoyés, en général au sein de conteneurs moins remplis, qui pourraient être optimisés si le transporteur attendait plus pour les remplir. Laisser le choix de se faire livrer plus tard, donc de manière plus éco-responsable en expliquant bien la démarche, est gage de transparence pour vos clients qui seront heureux de faire un geste à leur manière. 

Certains transporteurs proposent des solutions de livraison à l’impact totalement neutre pour la “livraison du dernier kilomètre”, telles que :

• Les coursiers à vélo, pour les livraisons peu volumineuses

• Les cargo-cycles, pour les plus grands colis

Limiter le suremballage

Le packaging le carton de livraison joue un rôle clé de protection et au niveau du design du produit. Il est fort heureusement possible de repenser l’emballage en intégralité pour créer des alternatives plus responsables. Pour cela, utiliser des protections adaptées à la taille du produit en diminuant le taux de vide, opter pour des emballages consignables ou réutilisables…

En 2018, selon une étude réalisée par DS Smith et Forbes Insight, 43 % du volume des colis du e-commerce serait rempli de vide. Chaque année, ce n'est pas moins de 122 millions de tonnes de CO2 qui est rejetés simplement pour transporter du vide ! A titre de comparaison, cela correspond aux émissions annuelles de dioxyde de carbone émises par la Belgique ou l'Argentine...

Des solutions existent :

• Un emballage réfléchi : Apple propose un emballage avec un petit carton habilement plié de sorte que les languettes calent le produit envoyé.

• Des colis consignés et intelligents : la société Opopop, propose des colis pochettes consignés. Ils sont donc facilement renvoyés par le client grâce au programme géré par la société.

Conclusion : 

L’e-commerce responsable doit désormais se focaliser davantage sur l’éco-responsabilité ou l’éthique. Il s’adapte à pléthore de boutiques en ligne : marketplaces, regroupement de producteurs, boutiques en ligne d’une seule entreprise (produits neufs ou recyclés)…

Cette stratégie entraîne plusieurs bénéfices : meilleure image de marque, satisfaction des clients, diminution des coûts…

Néanmoins, attention à ne pas tomber dans le « greenwashing ». Ce terme désigne une entreprise qui se contente de faire croire aux clients qu’elle met en place des pratiques plus « vertes » et éthiques alors que la réalité est désastreuse.

Crédit photos: Unsplash et Freepik