Interview - Bruno Picquart

Après 15 ans en tant que salarié, Bruno Picquart décide en 2009 de reprendre une PME avant de revenir en grand groupe 6 ans après. Comment la reprise peut booster sa carrière, c'est ce que nous verrons dans cet interview !

Ecrit par Arthur Millès, 23 mars 2021

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Interview - Bruno Picquart

Diplômé de Polytechnique (promo X89) puis de Sup’Aéro en 1994, Bruno Picquart a commencé sa carrière dans l’aéronautique et l’industrie. Un parcours d'excellence, a priori tracé, jusqu'au jour où il se lance dans une idée folle : quitter son emploi pour reprendre une entreprise. Décision bien entendu mûrement réfléchie. On a décidé de comprendre pourquoi & quels sont les enseignements qu’il en retire.

Les différentes étapes de sa reprise

> Bonjour Bruno, en 2009, vous avez repris Labeyrie Électricité, qu’est-ce qui vous a donné envie de reprendre une PME ?

J’ai toujours eu envie d’être patron.
Mais les circonstances m’ont porté sur une autre voie à la sortie de mes études : j’ai intégré un corps d’État (donc avec un engagement de travailler pour l’État quelques années), j’étais jeune papa, pas assez fortuné pour reprendre ou créer une entreprise.

En 2009, les conditions étaient plus favorables, c’était le moment de franchir le pas de la reprise.


> Comment avez-vous procédé pour rechercher une entreprise à reprendre ? Avez-vous utilisé des outils ou intermédiaires en particulier ?

J’ai surtout utilisé mon réseau et parlé de mon projet.

J’ai rencontré des acteurs de la transmission, certes, mais pas dans une démarche systématique. Plutôt le fruit du hasard qui a bien fait les choses.

Et j’ai eu la chance de monter le financement de mon projet assez rapidement, en rencontrant des banquiers et des fonds d’investissements locaux. Mais en quelque sorte, oui, le projet m’a été pointé du doigt par une amie expert-comptable, profession que j’associe aux intermédiaires du M&A.

Pas d’outil spécifique, il y en avait beaucoup moins qu’aujourd’hui.

> Est-ce que d’autres outils vous auraient aidé dans votre recherche, ou dans l’accompagnement à la reprise ?

Certainement, pour une recherche plus “processée”. Avec du recul, je me rends compte que j’ai vraiment eu de la chance que tout se passe si vite (quelques mois).


Du repreneuriat au salariat

>Qu’est-ce que cela vous a apporté d’être chef d’entreprise ?

C’est une expérience incomparable.
On est responsable de tout. On se sent parfois seul, et il me semble important d’avoir un ou quelques “parrains”, à l’extérieur, qui ont cette expérience, et avec qui on peut réfléchir à voix haute.

C’est également une grande fierté de participer à la vie du bassin économique dans lequel on se trouve, d’être parmi ceux qui prennent des risques pour créer de l’emploi. C’est savoir défendre son entreprise, et tous ses employés, dans l’adversité parfois ; ou en faire la promotion pour assurer son développement.


> Après 6 ans, cette aventure a pris fin, avec le recul que pensez-vous de cette expérience et quels enseignements en retirez-vous ?

Rien à regretter, il fallait que je fasse cette expérience. Les hauts deviennent très hauts quand on est chef d’entreprise, et, bien sûr, les bas sont très bas. Mais je me considère aujourd’hui comme très résilient, et cette expérience y a beaucoup contribué. Et mon parcours atypique est aujourd’hui un atout. Je n’ai plus à démontrer que je sais sortir des sentiers battus, et je sais “sortir du cadre” beaucoup plus que la plupart de mes collègues.

Safran, groupe industriel et technologique français


> Vous avez ensuite pris la direction générale d’une BU (Business Unit) de Safran, le retour en grand groupe après plusieurs années à son compte est-il un challenge ?

C’est une autre aventure.
Il y a plus de moyens, un terrain de jeu plus grand, certes, mais c’est moins impactant émotionnellement.
Il y a extrêmement peu de salariés des grands groupes qui ont connu l’expérience entrepreneuriale, c’est bien dommage. Le plus gros challenge pour revenir dans un groupe est peut-être justement de se réhabituer à la lenteur des décisions, au manque d’esprit entrepreneurial.

Et puis soudain, on a des chefs, ou des collègues. Ils ont leur manière de voir les choses et l’on n’est pas toujours d’accord !


Ses conseils

> Que recommanderiez-vous à un futur (ent)reprenereur qui hésite à se lancer dans la reprise d’entreprise ?

L’hésitation est saine pourvu qu’elle ne soit pas paralysante.
Il faut choisir le bon projet, parce qu’on va y passer beaucoup de temps. Et il faut s’entourer, se faire conseiller, se faire chalenger.
Mûrir son projet, identifier les relais de croissance. Pour un repreneur, identifier ce qu’il apportera d’autre, de différent, que le prédécesseur, qui est souvent le fondateur.


Pour les créateurs d’entreprises, identifier en quoi le produit ou le service proposés seront différenciant. Pour tous, répondre à la question : “quelle est ma proposition de valeur ?”
Puis il faut surmonter l’hésitation: être chef d’entreprise, c’est d’abord savoir prendre des décisions, et prendre des décisions sans avoir toutes les réponses aux questions qui se posent...


Merci beaucoup pour votre temps et vos réponses Bruno !

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