On peut dire que Thibaut Mallecourt fait partie des "serial entrepreneurs" : à peine sorti de l’école après un master spécialisé en entrepreneuriat, il créé une première entreprise, SoWeTrip spécialisée dans les voyages personnalisés.
L’aventure durera plus de 4 ans, durant lesquelles la jeune pousse sera rachetée par Easyvoyage et dont Thibaut sera salarié quelques temps. Mais l’envie d’entreprendre étant toujours très présente, il décide de quitter le salariat pour lancer un média Digital spécialisé dans les marques françaises, Les Petits Frenchies en novembre 2012.
Nous avons souhaité lui poser quelques questions sur ces plus de 10 ans d’entrepreneuriat, les rachats d’entreprises qu’il a vécu, et les conseils qu’il peut avoir pour d’autres entrepreneurs.
> Bonjour Thibaut ! Deux lancements, SoWeTrip puis Les Petits Frenchies en l’espace de quelques années, l’entrepreneuriat c’est quelque chose de vital pour toi ?
L’entrepreneuriat c’est une certaine vision de la vie professionnelle et même de la vie tout court.
Je suis direct tombé dedans à la fin de mes études et y gouter c’était l’adopter !
Certes c’est risqué et c’est intense, mais ce sont ces challenges quotidiens qui en font son intérêt : tu es aux commandes et si c’est ton truc, ça devient rapidement ta première « passion ».
Le warning : réussir à trouver l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle et être sûr que tes proches sont en accord avec ce mode de vie. Si tu trouves cet équilibre alors tout devient possible !
SoWeTrip, plateforme pour partir en week-ends
> Les deux startups, à première vue n’ont rien à voir, est-ce que tu peux nous dire d’où sont venues les deux idées et dans quels cadres se sont passés les lancements ?
SoWeTrip est venu du constat qu’il manquait des contenus “travel” adaptés aux nouveaux modes de voyage de l’époque et particulièrement les week-ends dans des destinations européennes (desservies par les vols lowcost).
J’ai lancé le projet au sein du Mastère Entreprendre de l’EM Lyon avec plusieurs amis et il s’est concrétisé au sein de l’incubateur de l’école, puis à Paris.
Le média Les Petits Frenchies est quant à lui issu du constat que les jeunes créateurs d’entreprises étaient peu mis à l’honneur dans les années 2010 (ce qui a bien changé aujourd’hui !)
La tendance Made in France que je souhaitais donner au média en était également à ses débuts.
L’angle éditorial “entrepreneuriat à la française” a donc très vite trouvé son public, à la fois sur notre site internet et sur les réseaux sociaux !
> Tu peux nous parler du rachat de SoWeTrip par le groupe Easyvoyage ?
Dans le secteur du Voyage les acteurs digitaux ont besoin d’avoir une audience très importante pour faire tourner leur business model.
Intégrer le groupe Easyvoyage nous permettait donc de nous associer à un Pure Player possédant un très gros volume de trafic et eux gagnaient l’intégration d’un concept innovant, c’était vraiment gagnant-gagnant !
> Est-ce que SoWeTrip existe toujours aujourd’hui ?
La marque en elle-même non !
Il y a plusieurs façons d’intégrer une startup à une plus grosse entreprise. La question s’est posée et nous avons fait le choix d’intégrer directement SoWeTrip à l’univers Easyvoyage en tout concentrant sous une marque unique (Easyvoyage) pour que celle-ci soit plus forte.
> Le rachat des Petits Frenchies par l’agence Sharing fut similaire ou très différent ?
Les secteurs sont de base très différents.
Le point commun entre les 2 opérations, je dirais que ce sont les synergies directes qui ont pu être mise en place grâce à chacune des fusions, Les Petits Frenchies ayant un modèle très complémentaire à celui de l’agence Sharing.
La principale différence, dans le cadre de l’opération entre Sharing et Les Petits Frenchies c’est que dans cette seconde opération, je suis devenu associé du groupe Sharing tout en restant en charge du média Les Petits Frenchies que je continue à développer avec toute l’équipe.
> Comment est-ce que tu as fait pour trouver des repreneurs pour les 2 rachats ?
Dans le premier cas, pour SoWeTrip, c’est mon réseau qui a joué, et dans le second pour Les Petits Frenchies, j’ai travaillé avec un partenaire qui était en charge de me présenter de potentiels acquéreurs.
> Est-ce que quelque chose t’a manqué lors des 2 reprises et qui aurait pu te faciliter la vie ?
La cession ou le rapprochement capitalistique d’entreprises sont des étapes assez obscures, pour lesquelles on trouve malheureusement assez peu d’informations.
Les grosses entreprises se font bien sûr accompagner par des cabinets ou des banques d’affaires mais pour les sociétés de petites et moyennes tailles c’est plus compliqué, cela intéresse beaucoup moins d’intermédiaires…
> Est-ce qu’il y aurait selon toi un bon moment pour revendre son entreprise ?
Un de mes investisseurs m’a dit un jour : « on vend toujours trop tard, jamais trop tôt ! » ce qui est tout à fait vrai !
C’est rarissime de vendre pile au bon moment et les entrepreneurs ont naturellement tendance à « s’accrocher » à leur projet...
Ma recommandation serait donc de toujours anticiper au maximum ce sujet !
Les Petits Frenchies, média conso à la Française
> Aujourd’hui tu es toujours Directeur Général chez Les Petits Frenchies et avec le rachat tu es passé associé chez Sharing, qu’est-ce que cela change dans ton quotidien ? Est-ce que ce rachat est une opportunité de croissance selon toi ?
Ça a changé beaucoup de chose : je suis passé de “solo-founder” pendant presque 7 ans à associé avec 4 personnes, expertes dans leurs domaines ! Et ça fait du bien ! Porter les difficultés et les réussites à plusieurs c’est chouette aussi !
D’un point de vue business il y a un réel schéma d’apporteurs d’affaires entre Les Petits Frenchies et Sharing c’est donc du win-win permanent.
En plus de ce retour sur investissement direct nous déployons des compétences transverses utiles aux 2 structures ! Nous venons par exemple de lancer une cellule « Studio de création » pour répondre à la fois aux besoins de notre média et de nos clients côté agence.
> Est-ce qu’en tant qu’entrepreneur c’est une fierté de revendre son bébé ou est-ce un peu dur ?
Je pense que toutes les reventes sont différentes donc c’est dur de généraliser, mais je pense que l’enjeu, au-delà des sujets financiers, est de trouver les bons partenaires humains.
Qu’on reste ou non dans l’aventure à terme, c’est essentiel de « confier » son bébé à des gens avec qui on partage les mêmes valeurs.
C’est le cas entre Sharing et Les Petits Frenchies et j’en suis très content !
> Qu’est-ce que tu recommanderais à un entrepreneur qui veut tout arrêter ?
Que malheureusement, il aurait peut-être fallu qu’il passe le flambeau plus tôt... Céder sa boite quand on n’en peut plus, c’est là qu’on risque de faire les mauvais choix, mais si c’est le cas et qu’il est épuisé, il est impératif qu’il soit bien accompagné !
> Et à un entrepreneur qui pense revendre sa startup ?
Qu'il doit trouver des pairs avec qui partager sa vision et se faire accompagner.
> Aujourd’hui, avec Storybee, nous souhaitons rendre accessible et démocratiser la cession/transmission des startups, est-ce que tu penses que c’est une mission importante en France aujourd’hui ?
Comme j'en parlais précédemment je pense qu’il y a un enjeu énorme sur la thématique de la cession/transmission pour les TPE/PME, qui sont aujourd’hui peu, voire pas du tout accompagnées ! Storybee peut donc jouer un rôle essentiel dans cet écosystème entrepreneurial !
Un grand merci à Thibaut pour ses réponses et ses conseils ! N'hésitez pas à aller jeter un coup d'oeil sur Les Petits Frenchies pour découvrir toutes les pépites et nouveaux concepts français !