Retour sur les acquisitions et reprises d'entreprises e-commerce, tech, agences et médias digitaux qui ont marqué ces secteurs en 2024.
Guillaume PrévostMise à jour : 28/10/2024
#actualité #marché +1
Le salon Tech for Retail est un des principaux rendez-vous annuels des acteurs de l'e-commerce et du digital. Avec plus de 95 conférences et 300 exposants, dont des acteurs majeurs de l'industrie, ce salon fait partie des incontournables.
Ecrit par Guillaume Prévost, 1 décembre 2023
Ce débrief du salon tech for retail 2023 vous permet de rentrer dans les coulisses de l'e-commerce, de la tech et du retail, de ce qui se prépare pour les années à venir, et de comprendre parfaitement les enjeux des valorisations et cessions d'entreprises dans le futur.
Le salon a touché à sa fin hier soir, et a été un succès. Dès l'ouverture mardi matin, l'affluence des visiteurs et exposants a causé quelques ralentissements à l'entrée. Les quelques 300 stands bien remplis de l'exposition reflétaient l'écosystème de la tech et de la vente : des grandes entreprises, des TPE/PME, des agences et fournisseurs de services, d'infrastrucuture et de réseau, mais aussi un grand nombre de startups.
Grands comptes et petites entreprises se côtoient dans le foumillement des allées et ont des échanges productifs qui pourraient créer les partenariats (ou la compétition ?) de demain.
Dans les allées de l'évènement (photo : Tech for Retail)
En plus des allées remplies et des nombreuses opportunités de rencontres, Tech for Retail a aussi été l'occasion d'assister à des présentations, conférences, et tables rondes remplies d'observations et d'idées qui vont forger l'e-commerce de demain.
Dans cet article, nous allons détailler quelques-unes de ces conférences, keynotes et discussions qui ont eu lieu au cours de cet événement, comme si vous y étiez. Nous revenons aussi sur les quelques innovations qui ont concouru lors de ce salon, et sur les points-clés du Tech for Retail 2023.
Cet entretien avec Nathalie Balla, l'ex-PDG de La Redoute, qui a repris l'entreprise et est a l'origine de la transformation digitale de cette entreprise patrimoniale et de son redressement, alors que la société était donnée pour morte. En quelques années, elle a transformé un catalogue vieillissant en un des leaders de l'e-commerce des secteurs mode & maison.
Pour présenter son parcours, Mme Balla précise qu'elle se distingue par le fait qu'elle aime l'inconnu et n'a pas peur de perdre ce qu'elle a. Elle a appris à vivre avec peu et s'en contente, donc elle prend constamment de nouveaux risques entrepreneuriaux. C'est ce type de défi qui l'a poussé à reprendre La Redoute en tant que PDG, alors que l'entreprise avait du mal à rester pertinente dans un monde qui se digitalisait de plus en plus.
Elle se présente comme "poète laboureur", c'est-à-dire quelqu'un capable d'avoir une bonne stratégie, mais aussi d'avoir la capacité d'exécution pour pouvoir la mettre en place efficacement. Elle a aussi évoqué la "capacité à s'entourer d'équipe et à se remettre en question".
Interrogée sur la place de l'IA dans l'évolution de travail, Nathalie Balla a déclaré que la technologie aide, mais ne fait pas le travail à notre place.
Selon elle, plusieurs adages s'appliquent dans la manière d'approcher la transformation digitale : "apprendre à désapprendre". On apprend beaucoup à apprendre mais il faut savoir oublier certaines choses qu'on tient pour acquises et remettre en question les technologies ou processus. "Prendre le temps d'aller vite" : selon elle, il est important d'expliquer et d'engager son équipe quitte à y passer du temps au départ, car ce temps sera largement regagné par la suite.
Nathalie Balla - repreneuse de La Redoute, raconte la transformation digitale de l'entreprise (photo : Tech for Retail).
Concrètement, comment est-ce Nathalie Balla a mis cela en place lors de sa reprise de La Redoute ?
D'abord, elle explique qu'elle n'y a pas travaillé seule, bien qu'elle aurait pu. Elle a décidé de s'entourer de Eric Courteille, décision qu'elle estime salutaire à l'effort de redressement de l'entreprise, puis a fait rentrer d'autres personnes à la direction pour ne pas œuvrer seule.
Ensuite, elle a ouvert le capital de l'entreprise aux salariés, à hauteur de 49%, ce qui est unique, sous la forme d'un fonds commun d'entreprise de reprise. Cela se présente sous la forme d'un plan d'épargne sécurisé. Et pour être transparente sur la création de valeur de l'entreprise, un expert indépendant effectue un valorisation de l'entreprise régulièrement. Cela a permis d'aligner les intérêts des acteurs.
Nathalie Balla a aussi mis en place un "sparring board" avec les jeunes de l'entreprise, qui a apporté une fraîcheur et une force à l'entreprise qui n'existait pas dans le comité de direction classique. La mise en place de ce sparring board a mis sur la table des innovations qui ont été mises en place et ont été structurantes lors du redressement de l'entreprise.
Au-delà de l'ouverture du capital de l'entreprise, Nathalie Balla a aussi beaucoup travaillé sur un changement de la culture de La Redoute. Au départ, elle a beaucoup écouté pour comprendre l'ADN de l'entreprise et son socle de valeurs, et les mélanger aux valeurs "d'audace et de créativité".
Pour effectuer ce changement de culture, Nathalie Balla, qui avoue ne pas aimer beaucoup parler à la presse, a effectué un "roadshow" pour présenter le projet de redressement, et surtout écouter les retours et comprendre comment chacun s'y projette. La confiance en interne s'est construite par la communication externe. L'adhérence de la presse et de l'opinion publique au projet de relance a contribué à son adoption par les salariés de l'entreprise.
Au final, la transformation digitale de La Redoute a été un grand succès : elle s'est repositionné comme un "pure player e-commerce" et une entreprise technologique au service de l'e-commerce.
Nathalie Balla confie que "l'une des plus belles surprises a été le succès de cette transformation". Cependant, seulement 20% des salariés ont effectivement acheté des actions de l'entreprise. Il reste donc un certain travail à faire pour continuer l'évolution de la culture de l'entreprise vers un partage de valeur et de mission avec les salariés.
Ses prochains projets ? Nathalie Balla déclare qu'elle est toujours restée entrepreneure - et c'est d'ailleurs cela qui l'a mené à innover autant dans le redressement de La Redoute - et se lance donc dans un nouveau projet entrepreneurial, qui ne sera pas dans le monde secteur du retail. Elle est aussi investisseuse dans plusieurs entreprises, qui construisent le monde de retail de demain à ses yeux.
Guillaume Seneclauze le CEO de Monoprix et de Naturalia, donne sa vision sur les questions des nouvelles technologies et leur place dans la société.
Un des plus grands défis pour les commerçants en ligne, physique, ou hybride : l'omni-canal. Il s'agit d'offrir au client ce qu'il veut, où il veut et quand il veut. Quand il s'agit d'e-commerce, on est assez avancé dans le domaine, mais même pour le retail physique : la technologie doit exister comme support pour faire un travail plus fluide et faciliter l'expérience des clients.
Un des plus grands défis du retail actuellement : l'omni-canal, ou "offrir au client ce qu'il veut, où il veut et quand il veut"
L'autre défi à venir, évoqué par Guillaume Senneclauza : dans le commerce non-alimentaire, +50% des ventes se font via seulement 5 ou 6 grandes entreprises : Alibaba, Amazon, Pinduoduo, eBay, etc. Cette concentration va inévitablement arriver dans l'alimentaire aussi par le biais d'acquisitions ou de partenariats : comment faire pour être positionné au mieux et rester compétitif ?
Pour Monoprix, une des solutions a été un partenariat avec le groupe Ocado a été mis en place pour la gestion des livraisons. Cela a permis de proposer plus de 30,000 produits livrable en 24h. Pour la livraison ultra-rapide en 2h, une tendance attendue par les acheteurs en 2024, c'est un partenariat avec Amazon.
Guillaume Seneclauze, CEO de Monoprix au salon Tech for Retail 2023 (photo: Storybee)
Interrogé sur les autres tendances e-commerce pour les années à venir, Guillaume Seneclauze parle d'une 2ème tendance côté omnicanal : les magasins qui deviennent de plus en plus équipés de technologie, des réseaux sociaux qui se transforment en plateformes de social commerce, avec les achats en ligne qui se font directement depuis les réseaux sociaux et du Web 3, qui "avance et fait sa vie" depuis la frénésie des années précédentes, mais qui n'a pas encore un palier disruptif selon lui. Il mentionne aussi l'IA bien évidemment.
Selon lui, il faut cependant s'interroger, à un niveau plus élevé, sur l'impact de la technologie sur la société, et sur la direction qu'on souhaite lui donner. Il raconte "on voit tout autour de nous les bureaux de poste fermés car les opérations se font en ligne, les casiers Locker qui fleurissent partout, les banques en lignes, les caisses automatiques sans caissier. Les interactions réelles disparaissent et la société se retrouve déshumanisée".
Quelles solutions possibles voit Guillaume Seneclauze à cette problématique ? Selon lui, cela passe tout d'abord par une vision : l'essence même du commerce est l'interaction entre humains, et doit rester humain. Même chez les plus grandes entreprises e-commerce se replacent elles-mêmes dans le commerce physique, comme Alibaba ou Amazon qui a racheté Wholefoods il y a quelques années.
Guillaume Seneclauze déclare que "Monoprix est plus qu'une enseigne, c'est une marque. L'enseigne est transactionnelle, c'est tout ce qui permet de réaliser son achat (les produits, le stock, le service, les machines, les lieux, etc.) mais la marque est affective et émotionnelle. Elle apporte au client plus qu'une relation rationnelle.
« La réflexion, c'est la technologie oui, mais avec responsabilité. En tout, c'est le choix chez Monoprix d'utiliser la technologie dans le but de se rapprocher des clients » - Guillaume Seneclauze, CEO Monoprix
Les solutions à trouver : des cas d'usage qui permettront d'humaniser le commerce. Il en cite quelques exemples :
S'appuyer sur la tech pour éliminer les frictions avec le client et laisser du temps pour la relation. Par exemple, l'organisation des livraisons basée sur de l'IA pour les calculs des routes et assurer l'arrivée à l'heure, qui laisse le temps au livreur pour la relation client.
La personnalisation a l'échelle, pour répondre à la question de chaque client : "qu'est-ce qu'il y a pour moi, ici et maintenant ?". Par exemple, des suggestions basées sur les données clients ont augmenté les ventes chez Monoprix de 3% environ. C'est aussi la personnalisation marketing : le bon message, sur la bonne plateforme et au bon moment.
Le service augmenté (grâce à l'IA générative) : cette approche fonctionne bien chez Monoprix pour beaucoup de cas d'usage simples, mais se heurte à ses limites, car elle n'a pas accès aux données de l'enseigne. C'est un choix, pour éviter des fuites des données de Monoprix et de ses clients vers OpenAI ou autres.
En conclusion, Guillaume Seneclauze conclut "La réflexion, c'est la technologie oui, mais avec responsabilité. En tout, c'est le choix chez Monoprix d'utiliser la technologie dans le but de se rapprocher des clients".
Au cours du salon Tech for Retail a eu lieu le Prix de l'Innovation, un concours mettant en avant 5 innovations dans le secteur du commerce.
GS1, une organisation à but non lucratif internationale, a mis en place une nouvelle technologie basée sur le QR code qui est rentré dans l'usage quotidien surtout depuis la crise du Covid, mais reste à usage unique. Aujourd'hui, on voit de plus en plus d'usages et les QR codes qui se multiplient sur les produits.
GS1 propose donc un QR code unique pour plusieurs usages. Plusieurs lecteurs peuvent y lire différentes informations sur un seul et même QR code. Un exemple d'usage déjà en place chez l'Oréal ou Décathlon. Il permet d'obtenir les informations sur le produit ou les promotions en cours, permet de passer en caisse, ou d'obtenir les informations de recyclage produit une fois à la maison.
La technologie est simple, universelle et ouverte, et suit uniquement des normes internationales. Elle est présentée comme une innovation socle qui va permettre de développer d'autres innovation d'usage ou sociales à ses usagers.
Il s'agit d'une plateforme de retail analytics, qui va utiliser les données géographiques pour permettre aux entreprises de suivre et de prédire l'efficacité de leur marketing multi-canal. Orienté pour les vendeurs en magasin physique, il permet de mesurer le trafic entre différentes enseignes (y compris la concurrence), la part de fréquentation d'un magasin à l'autre, la fréquence de visite.
La plateforme permet aussi d'adopter différentes stratégies marketing selon les zones, si on est dominant, mis en difficulté, ou dominé. La technologie se veut sans cookies, se basant uniquement sur les identifiants des téléphones mobiles.
Se présentant comme un système de covoiturage pour la livraison du dernier kilomètre, cette société créée il y a maintenant 8 ans, travaille déjà avec 4000 vendeurs, principalement dans le secteur alimentaire. La start-up a levé plus de 26M d'euros au total et est rentable en France. Elle est en pleine expansion à l'étranger, et cherche à se consolider comme leader sur ce modèle plus vertueux que la livraison classique.
L'innovation consiste pour des particuliers a utiliser un trajet quotidien et sans grand détour pour livrer une commande en local, faite par un autre particulier. Le détour moyen est seulement de 2,6 km.
Parmi les axes de développement de cette entreprise existent la possibilité d'aller au-delà de son modèle actuel B2B2C, ou viser des distances plus longues.
Développée par un éditeur d'application SaaS et mobile, la solution Woop vient s'ajouter a un système de gestion des livraisons dernier kilomètre qui existe depuis 5 ans et orchestre 2,5M de livraisons / an.
L'innovation provient du constat que 25% du CO2 émis à Paris provient des livraisons, et 73 % des acheteurs sont intéressés par l'éco-responsabilité de leurs achats.
L'innovation est l'ajout avec d'un critère écologique pour filtrer ou pondérer le choix de son transporteur par les commerçants, pour chaque commande. Elle donne une note écologique à la livraison : selon la distance, les données des véhicules, émission de GES, l'engagement des transporteurs pour des programmes écologiques, etc. Cette note peut aussi être affichée par le commerçant directement sur les fiches produits.
L'innovation de Quipo repose sur une opportunité éco-responsable en créant un ticket intelligent. La technologie est un QR code "maison", qui contient plus de données et qui ne sont pas stockées sur des serveurs. Cela génère 98% d'émissions de moins que les tickets papiers et 73% de moins que les tickets reçus par email.
Cela permet aussi de créer un système de fidélisation client : des notifications, promotions, jeux etc. personnalisés pour chaque client, et des promotions inter-commerce. Il permet aussi de protéger les consommateurs pour les retours et garanties associées, sans collecte de données personnelles.
La startup Shopopop récompensée par le jury du Prix de l'innovation (photo: Tech for Retail)
Au final, c'est Shopopop qui a remporté ce concours, décerné par les 4 juges aux profils aussi variés que pointus (François Loviton, managing director chez Google, l'investisseur Ivan Farneti, le journaliste Olivier Dauvers, et Laurent Thoumine, managing director Retail chez Accenture).
Voici les tendances que l'on a pu retrouver à pratiquement chaque coin du salon, et sur lesquelles il faut absolument garder un œil :
L'IA : on s'y attendait, mais l'intelligence artificielle et l'IA générative ont vraiment été des sujets incontournables sur le salon cette année. D'autres sujets ont eu un succès semblable auparavant : le métavers, la blockchain et les NFTs. Est-ce que l'IA va quant à elle s'inscrire dans la durée ? C'est bien possible.
Le Retail Media : nouvelle tendance qui mêle les données et le marketing, le Retail Media permet aux commerçants de mettre à profit leur connaissance des clients pour proposer du marketing ciblé, personnalisé et pertinent. De nombreuses solutions voient le jour autour dans ce nouvel écosystème qui pourrait bousculer les modèles de publicité traditionnelle.
L'omni-canal : même si cela n'est pas nouveau, les acteurs du retail gardent ce mot à la bouche. Ce concept, qui consiste à être en contact avec ses clients via un maximum des canaux qu'ils utilisent, est essentiel au marketing moderne.
L'expérience client : cette expression, bien que sur-utilisée, montre bien que les entreprises dans l'e-commerce et le commerce physique se préoccupent beaucoup de faciliter au maximum la fluidité du processus d'achat, jusque dans les moindres détails. On retrouve l'expérience client dans les tendances d'hyper-personnalisation et du libre-service.
Le grand absent : l'environnement. Bien que de nombreuses start-ups et fournisseurs de services sur le salon proposent des solutions alternatives et éco-responsable, et que le re-commerce ait été évoqué de nombreuses fois, il semble que l'impact environnemental ne soit pas vraiment un sujet central dans la tête des grand retailers. L'approche semble plutôt être la suivante : "nos clients veulent de l'écologique et de la seconde main, nous devons donc leur proposer ces options". C'est assez dommage.
Ce que l'on peut retenir de ce salon, c'est la quantité de personnes qui travaillent sur des projets qui pourraient bien chambouler l'e-commerce tel qu'il existe aujourd'hui, avec des technologies, logiciels, SaaS et applications innovantes.
Pour Storybee, ce salon a été l'occasion de rester en avance pour pouvoir au mieux valoriser et aider à la vente des entreprises digitales en connaissant les possibilités et le défis de demain.
[Lire : 16 grandes tendances e-commerce à prévoir en 2024]
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