Les applications mobiles sont l’un des vecteurs indispensables de l'e-commerce. Elles peuvent être gratuites ou payantes et leur modèle économique peut reposer sur la vente en ligne (boutique M-commerce), les achats intégrés (freemium - téléchargement gratuit mais fonctionnalités payantes dans l’appli) ou sur la publicité.
Si vous avez développé une application rentable dans le cadre de votre activité, il est peut-être temps de la vendre !
Pour cela, il faudra prendre en compte à la fois les critères pour valoriser votre application au plus juste mais aussi s’intéresser au cadre légal pour effectuer les démarches nécessaires à la cession.
Les critères de valorisation de l’application
Avant de regarder comment faire pour vendre une application mobile, penchons-nous d'abord sur la question : comment estimer la valeur d'une application ?
A/ Les utilisateurs
1/ Le nombre d'utilisateurs
Le nombre de téléchargements est le premier critère basique auquel on pense. Il permet, en effet, de mesurer l’acquisition de nouveaux clients.
Evidemment, il sera à mettre en parallèle avec le nombre de désinstallations pour connaître son taux d'attrition et le nombre d'installations actives pour savoir combien de personnes ont utilisé l'application récemment. Les tableaux de bord de l'Apple Store ou Google Play pourront normalement vous donner ces informations.
Le nombre d'utilisateurs sera aussi à mettre en perspective avec l’engagement des utilisateurs de l’application.
2/ L'engagement des utilisateurs
Ce critère englobe plusieurs mesures et indicateurs à regarder :
Le nombre d’utilisateurs actifs sur l’application quotidiennement ou mensuellement et leur fréquence de connexion.
La rétention et le taux de désinstallation (churn rate) soit le nombre d’utilisateurs actifs/nombre d’applications installées est un bon indicateur de la pertinence d’une application.
La durée des sessions, c’est-à-dire le temps passé sur l’application sera à étudier en fonction de la durée d’usage « normale » sur le type d’application. C’est-à-dire que certaines applications nécessitent une navigation plus ou moins courte en fonction des actions que l’utilisateur peut effectuer (ex : réservation d’un billet de cinéma vs site de vente en ligne...).
3/ L’utilisation de l’application
Le taux de conversion des paniers, les écrans de sortie de l’application et globalement l’analyse de la navigation des clients au sein de l’application peuvent donner de précieuses indications sur ce qui fonctionne et ce qui est à améliorer.
Cette analyse permettra également de comprendre les raisons d’un abandon à un moment du parcours client là où il était prévu une action précise (notamment un achat).
4/ La réputation sur les Stores
Les notes et les commentaires sur les stores sont une mine d’information sur la popularité d’une application.
Si vous souhaitez vendre votre application, il sera indispensable de prendre en compte cette notation. En effet, les notes et commentaires sur l'Apple Store et Google Play Store peuvent être décisifs pour favoriser ou au contraire miner une vente.
Pour essayer d’éviter les commentaires négatifs, bien entendu la qualité de l’application sera importante mais il faudra aussi proposer des alternatives aux utilisateurs pour qu’ils puissent s’exprimer et donner leur feedback sur l’application par d’autres moyens. Les retours des utilisateurs seront très utiles pour les améliorations futures du service.
B/ La qualité de l'application
1/ Les technologies de développement
Les technologies utilisées pour le développement doivent être assez modernes, par exemple Swift plutôt que Objective C pour le développement iOS.
Un autre exemple est la technologie Flutter, qui permet de générer la même application sur iOS et Android et donc d’éviter le développement sur les 2 systèmes à chaque évolution de l’appli.
La qualité de l’application sera un facteur décisif. Le nombre de crashs/nombre de sessions sera à prendre en compte pour savoir si le nombre de bugs est trop élevé et si des actions correctives doivent être mises en place. En effet, les commentaires, notes et désinstallations des utilisateurs dépendent beaucoup de leur expérience globale de navigation sur votre application.
2/ L'Etat du code
Un code propre, bien testé et bien documenté permet d’une part d’éviter des bugs qui nuisent à la qualité de l’application. Il permettra également de fluidifier la passation avec un repreneur de votre application.
En effet, il est très probable que l’équipe de développeurs qui fera évoluer votre application soit sensible à la qualité et la propreté du code. Celui-ci devra être bien documenté, avec les commentaires pertinents sur les choix effectués au cours du développement.
Également, le code doit être facilement modifiable et extensible pour accueillir toutes les évolutions futures de l’application. Quand c'est le cas, cela donne plus de valeur à votre application car une cession pourra se faire plus simplement.
2/ Le référencement naturel sur les stores
L’App Store Optimisation (ou ASO) permet d’optimiser le référencement naturel d’une application sur les moteurs de recherche des stores. L’algorithme est complexe à comprendre et diffère selon les plate-formes d'application.
Une application bien référencée a plus de chance d’être trouvée et téléchargée par des utilisateurs puisqu’elle apparaitra en premier dans les stores lors d’une recherche. Le choix des bon mots clés pour le titre, le descriptif de l’application, le nommage des visuels et des vidéos de présentation de l’appli sera donc crucial, le contenu de l’appli n’est pas pris en compte par le moteur de recherche des stores.
C/ La rentabilité du modèle économique
Le nerf de la guerre lorsqu’on vend une appli mobile, c’est sa rentabilité. L’acquéreur voudra comprendre en détail sur quoi est fondé le modèle économique de l’application et finalement combien elle rapporte.
1/ Les centres de coûts
Pour évaluer la rentabilité d’une application il faut d’abord prendre en compte certains de ses coûts récurrents comme :
Le coût d’acquisition client : il permet de déterminer les coûts investis dans la publicité pour acquérir un nouveau client.
Le chiffre d’affaires moyen par utilisateur est également intéressant pour calculer la rentabilité d’une application.
Enfin, la valeur vie client est un paramètre essentiel. Il s’agit du CA moyen par utilisateur X la durée moyenne pendant laquelle un client utilise l’application. Ce paramètre permet de calculer le point mort du coût d’acquisition client.
2/ Les centres de profits
La valeur d'une application va aussi dépendre directement de la manière de rentabiliser l'application.
Parmi les modèles les plus courants la monétisation via le téléchargement payant peut être très rémunératrice pour certaines typologies d’applications. Le paiement peut avoir lieu lors du téléchargement ou être récurrent sous forme d’abonnement mensuel ou annuel.
L’application peut également être gratuite avec la possibilité de réaliser des achats in-app, c’est-à-dire à l’intérieur de l’appli. Cette approche est similaire à l’approche appli freemium gratuite avec possibilité d’upgrader le contenu en payant un accès premium.
La monétisation grâce à des bannières publicitaires négociées par des marques à l’intérieur de l’application est également un modèle économique classique. Pour calculer la rentabilité il faudra prendre en compte le nombre de clics pour 1000 apparitions de la bannière et le tarif négocié dans le contrat.
Méthodes de monétisations des applications en 2022 (Source : tamoco.com)
Bien entendu, dans le domaine du e-commerce ou M-commerce sur mobile, la rentabilité est directement liée au nombre de ventes réalisées dans l’application.
Il existe d’autres formes de monétisations moins utilisées comme le développement d’une application grâce au sponsoring ou des applications qui servent à fidéliser les clients d’une marque et qui ne sont donc pas directement rentables.
Il est fortement recommandé d’être accompagné par un professionnel de la vente d’entreprises digitales afin d’obtenir une estimation juste et fiable de votre application mobile. Storybee pourra vous accompagner de A à Z, de l’évaluation complète du prix de vente à la phase de négociation jusqu’à la conclusion du contrat.
3/ Méthode de calcul de valorisation simplifiée
En se basant uniquement sur les données financières, on peut estimer la valeur d'une application avec cette formule :
Valorisation = ( $ Valeur Vie Client - $ Coût d'Acquisition Clients ) x Nombre d'utilisateurs
Bien sûr, cette méthode de valorisation est très simplifiée et ne prend pas en compte les autres paramètres que nous mentionnons ici. Il y a en réalité de très nombreux points de contrôles dans une valorisation avancée.
II/ Le cadre légal
Une application est composée de différents éléments qui devront être décrits dans un contrat protégeant à la fois l’acheteur et le vendeur lors de la cession des droits de l’application mobile. Il s’agit essentiellement des éléments suivants :
Eléments logiciels avec ou sans protection par un brevet.
Une ou plusieurs bases de données.
Un nom, un logo, des musiques et typographies…
Une interface graphique et des contenus multimédias.
A/ Quel type de cession pour une application mobile ?
Il faut distinguer les stores (Apple Store, Google Play Store) qui sont les hébergeurs de l’application mobile des Editeurs, c’est-à-dire les créateurs et développeurs de l’appli.
Les stores sont de simples plateformes d’hébergement des applications et ne sont pas responsable du contenu des applis. En revanche, elles peuvent avoir des standards de qualité pour accepter de diffuser des applications. Cela passe par des processus de vérifications propres à chaque store.
Lors d’une cession d’application, c’est la partie détenue par l’éditeur qui est cédée : c’est-à-dire la propriété intellectuelle de la création et du développement de l’application comme dans la cession d’un logiciel.
Au moment de la transmission de l’application, les équipes de juristes réaliseront une cession de propriété intellectuelle et éventuellement des droits d’auteurs à l’acquéreur.
Au niveau des plateformes de diffusion, les stores, il faudra les contacter suite à la signature du contrat de cession pour réaliser la passation dans les meilleures conditions.
B/ Quels sont les pièges à éviter et les vérifications basiques ?
Lors de la cession d’une application il faudra s’assurer que le vendeur possède réellement tous les éléments qui constituent l’application.
En effet, la propriété intellectuelle du code développé pour l’application n’est parfois pas complètement limpide. Elle peut appartenir aux développeurs, au créateur de l’application ou à l’entreprise qui l’a développée. Il faudra se plonger dans les contrats signés au moment du développement de l’application afin de vendre la propriété d’un actif qui vous appartient complètement.
Ensuite il faudra s’assurer que l’application comprend bien les éléments obligatoires suivants. Il faudra également que l’acheteur les mette à jour, le cas échéant, lors de la finalisation de la cession :
Les mentions légales qui permettent d’identifier le développeur et/ou l’éditeur et les éventuels intermédiaires.
Les Conditions Générales de Vente (CGV) ou Conditions Générales d’Utilisation (CGU).
La charte ou la politique de confidentialité (RGPD) pour la protection des données personnelles des utilisateurs du service.
Conclusion
Il est recommandé d’être assisté de juristes et professionnels du droit pour rédiger et signer le contrat de cession. Avec Storybee, cette étape cruciale, se fait via notre réseau d’avocat pour vous garantir une sécurité maximale.
Spécialiste de la cession d’entreprises digitales, nous pouvons vous accompagner de A à Z à toutes les étapes de la vente de votre application mobile : de l’appréciation du prix jusqu’à la transaction finale.
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Crédits : Marine Losi
Crédits photos :
Jakob Owens,
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