Marché fusion-acquisition : le bilan M&A 2022 et les prévisions M&A 2023

Les opérations d’achat/revente d’entreprises ont bien baissé en 2022 par rapport à 2021, mais le marché reste dynamique. Nous vous proposons de prendre un peu de recul sur l’année qui vient de s’écouler et de dépister les tendances qui se dégagent d’ores et déjà pour 2023.

Ecrit par Marie-Laure Blasquez, 12 janvier 2023

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Marché fusion-acquisition : le bilan M&A 2022 et les prévisions M&A 2023

Bilan du marché des transactions M&A 2022

Une année 2022 en recul par rapport à 2021

Selon les données de Bloomberg Law, le volume des transactions M&A a commencé à ralentir dès le premier trimestre 2022, bien que ce soit le troisième trimestre 2022 qui marque le plus important recul, avec le volume de transactions le plus bas atteint depuis le Q2 2020.

Nombre et volume de fusion acquisition en 2022 a baissé par rapport à 2021

Le niveau de transactions en 2022 n’a néanmoins rien d’alarmant. Il se rapproche fortement des volumes de 2017 et 2020. A contrario, 2021 avait tout de l’année exceptionnelle, avec des volumes historiques atteints.

La baisse est donc à relativiser fortement après une année qui avait tout de l’exceptionnel.

Un contexte économique et géopolitique en cause en 2022

Plusieurs facteurs ont provoqué, ou du moins renforcé, ce ralentissement :

  • L’incertitude économique, et plus globalement la baisse de confiance des dirigeants (en France au Q1 2022, seuls 36% des dirigeants se disaient confiants en l’économie française selon le baramètre BDO)

  • L’escalade de l’inflation fragilisant les résultats de nombreuses sociétés ou entamant leurs liquidités jusqu’ici abondantes

  • L’augmentation des taux d’intérêt (7 augmentations de la part de la FED et 4 de la part de la BCE en 2022) impactant l’effet de levier utilisé pour le financement des acquisitions. Les fonds d'investissement se sont notamment retirés en 2022 par rapport en 2021, n’y trouvant plus leur compte dans la rentabilité des affaires à reprendre.

  • La volatilité des marchés financiers avec des valorisations plus faibles, diminuant les capacités d’acquisition des plus gros acteurs (à titre d’exemple, le CAC40 baisse de 9,5% en 2022 et le S&P500 de -20%... sa pire année depuis 2008 !)

 

Dans son rapport « The Big Picture – 2023 outlook », S&P rappelle cependant que certains moteurs de fusions et acquisitions subsistent.

L'une des tendances à plus long terme en matière de transactions est toujours d'actualité : les perturbations liées à la technologie. L'amélioration de la technologie peut aider les entreprises à réduire les coûts et à attirer de nouvelles clientèles, qui deviennent toutes deux plus critiques dans un contexte économique morose.

« L'une des tendances à plus long terme en matière de transactions est toujours d'actualité : les perturbations liées à la technologie. »

Un marché qui reste dominé par l’Amérique du Nord

Les données que nous venons de regarder sont mondiales. Il est donc important de rappeler que l’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) continuent de dominer le marché en étant impliqué dans 47% du volume global des transactions en 2022 (source : Bloomberg Law) – soit une proportion assez stable depuis 5 ans !

Rien de très surprenant ici, sachant à quel point les anglo-saxons sont friands de ce type d’opérations.

 

La cession de logiciels, toujours en tête

Etant donné que notre cabinet Storybee est spécialisé dans la cession des secteurs du logiciel & internet, nous ne pouvons évidement pas passer à côté de cette bonne nouvelle mise en exergue par Bloomberg Law :  les logiciels sont restés le secteur n ° 1 dans le monde des fusions et acquisitions pour le 10e trimestre consécutif au troisième trimestre 2022 !

Ci-dessous le graphique issu de leur rapport, mettant en avant les volumes des 5 plus gros secteurs contributeurs : les logiciels, l’immobilier (Real Estate + REITS), les services commerciaux et internet.

Les opérations M&A de 2022 ont surpassé celles d'avant 2021

A noter que les transactions de fusions et acquisitions impliquant des cibles dans l'industrie du logiciel ont atteint leur volume de transactions le plus élevé au deuxième trimestre 2022 (178 milliards de dollars) avant de chuter de 49% à 91,4 milliards de dollars au troisième trimestre 2022.

[Lire : Les acquisitions technologiques les plus remarquables de 2022]

Et avec l'industrie technologique confrontée à des vents violents - gel des embauches, licenciements massifs, facteurs géographiques et politiques - les logiciels pourraient perdre leur première place en 2023, marquant un grand changement dans le marché global des fusions et acquisitions.

A suivre de près cette année, donc 🔎

Tendance des opérations de cession & acquisition en 2023

De toute évidence, 2023 conserve les fondamentaux de 2022 avec une guerre en Ukraine qui se prolonge, les taux qui devraient encore être relevés ces prochains mois, et des valorisations toujours en berne.

On s’attend néanmoins à une reprise par rapport à 2023 ou a minima a un maintient du niveau de transactions en Europe. C’est ce qui ressort du rapport du cabinet CMS en collaboration avec Mergermarket qui ont interrogé 330 entreprises & fonds de private equity européens.

« 73 % des décideurs s'attendent à ce que le niveau de l'activité de fusions et acquisitions en Europe augmente au cours des 12 prochains mois. »

Les principaux facteurs qui laissent présager une reprise sont les suivants :

  • L’optimisme des dirigeants vis-à-vis des opérations de fusion-acquisition : Le marché est optimiste en 2023. 73 % des décideurs s'attendent à ce que le niveau de l'activité de fusions et acquisitions en Europe augmente au cours des 12 prochains mois, contre seulement 53 % l'année dernière (soit +20%). Presque tous envisagent actuellement des fusions et acquisitions.

  • De plus en plus d’opportunités sur le marché : le contexte difficile amène de nombreuses sociétés à liquider leurs actifs non essentiels puisque les entreprises cherchent à consolider leurs bilans . D’autres, ayant repoussé leur volonté de céder dans l’attente d’une situation plus favorable, n’auront tout simplement plus le choix. On s’attend d’ailleurs à une hausse des cessions d’entreprises en difficulté en 2023.

  • Des cibles aux valorisations en baisse voire sous-évaluées : ceci étant dit, on comprend que les conditions actuelles favorisent les repreneurs qui auront les liquidités ou financeurs, ce qui tendra à peser sur les valorisations des sociétés. La recherche de bonnes opportunités (sociétés en difficultés qui doivent être reprises rapidement ou valorisatons basses) sera un des premiers driver de cette année 2023.

  • Un financement de plus en plus compliqué : 87 % des entreprises et fonds d'investissements interrogés s'attendent à ce que les financements soit plus difficiles à obtenir par rapport à 2021 (voire beaucoup plus difficiles pour ~45% d’entre eux) – toujours en lien avec les hausses des taux et le renforcement des bilans des banques.

Conclusion

Après une année exceptionnelle 2021, 2022 est certes une année moins dense en terme de volume d’affaires sur le marché mondial des fusions-acquisitions, mais reste une très bonne année. 2023 devrait se poursuivre sur la même tendance, avec très certainement des multiples en baisse et de nombreuses « bonnes affaires » disponibles sur le marché.

Sur le marché des logiciels et du digital plus largement, notre cœur de métier, on reste rassuré par le besoin toujours plus fort des entreprises d’aller vers une digitalisation accrue dans un contexte économique tendu. Les belles années de ce secteur avec des multiples mirobolants pourraient néanmoins toucher à leur fin.

On continuera donc à suivre tout cela de près évidemment, trimestre par trimestre !

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Illustration : Allen&Overy
Crédits : Bloomberg Law

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